C’est sans surpris que l’actuel président de la transition a été investi candidat à la prochaine présidentielle par l’ancien parti au pouvoir. L’annonce a été faite à l’occasion du congrès de cette formation. Organisé sous le thème « Le MPS à l’ère de la 5e République », le congrès s’est penché sur la réorganisation du parti et l’investiture de son candidat pour la prochaine présidentielle.
« Pour moi, nous avons une chance et cette chance s’appelle Mahamat Idriss Déby Itno. A l’époque, je l’appelais mon fils, mais aujourd’hui il est doté d’une faculté. Il est doté de certaines choses que nous n’avons pas. Donc cet homme peut nous conduire à bon port ».
Ces mots ont été prononcés Mahamat Zen Bada, le tout nouveau Secrétaire général du MPS, élu à main levée à l’issue du 11e Congrès extraordinaire du parti qui s’est tenu samedi, à N’Djamena, la capitale tchadienne.
La volonté de reconquérir le pouvoir, telle est la raison invoquée par l’ancien parti au pouvoir au choix du président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, comme candidat à la présidentielle.
Pour Béral Mbaikoubou, membre du Parlement de Transition, « cette désignation est la suite logique d’un plan antérieur conçu de longue date par la junte et le MPS ». Pour lui, « cela démontre que ce qui avait été dit au lendemain de la mort du Maréchal président, au sujet d’une prise du pouvoir obligatoire par l’armée, faute de quoi la stabilité du pays serait menacée et sa sécurité mise en péril, tout cela apparaît aujourd’hui comme du pipeau, un plan de braquage d’Etat qui était mis en route dès les premières minutes de la disparition du président Idriss Déby Itno, explique le parlemententaire. Les masques tombent et les grandes lignes d’un tel plan sont de plus en plus manifestes », ajoute Mbaikoubou.
La candidature de Mahamat Idriss Deby Itno à la prochaine présidentielle au Tchad va à l’encontre des principes de l’Union Africaine, comme ceux de l’Union Européenne, insiste le politologue Evariste Ngarlem Toldé. S’exprimant au micro de la Deutsche-Welle, il fait allusion aux préalables émis par les différents partenaires sur le principe de la non-candidature de tous les dirigeants actuels de la transition aux prochaines élections.
Evariste Toldé voit dans cette volte-face « une entorse à ces recommandations et à ces engagements, et partant, c’est un pied de nez fait à la communauté internationale. Mahamat Idriss Déby Itno qui avait promis, au terme de la transition, de remettre le pouvoir à un président civil démocratiquement élu, voilà qu’il renie sa parole en acceptant cette investiture », martèle Toldé.
L’investiture du président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, en fait le premier candidat d’un parti politique à la prochaine présidentielle qui se tiendra d’ici la fin de l’année 2024.